Цели «Евразийского Движения»:
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- предотвратить исчезновение России-Евразии с исторической сцены под давлением внутренних и внешних угроз --
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Textes eurasistes | La vision Eurasiste part - I | 01.10.04
LA VISION EURASISTE
Principes de base de la plate-forme
doctrinale eurasiste
« Selon 71 % des citoyens
russes interrogés, la Russie appartient à une civilisation particulière – ‘eurasienne’ ou Orthodoxe –
par conséquent elle ne doit pas suivre la voie occidentale de développement. Seuls 13 % considèrent que la Russie
fait partie de la civilisation occidentale. »
(sondage de VCIOM, Centre Pan-russe pour l’Etude
de l’Opinion Publique, 2-5 novembre 2001)
L’air du temps
Chaque époque historique a son propre « système de
coordonnées » particulier – politique, idéologique,
économique et culturel.
Par exemple, le XIXe siècle s’est déroulé en Russie
sous le signe de la dispute entre « slavophiles » et «
pro-occidentaux » [zapadniki]. Au XXe siècle, la ligne de
partage était entre les « Rouges » et les « Blancs
». Le XXIe siècle sera le siècle de l’opposition entre
« atlantistes » * (les partisans du « mondialisme
unipolaire » **) et les « eurasistes » ***.
* Atlantisme – terme géopolitique désignant :
- du point de vue historique et géographique, le secteur occidental
de la civilisation mondiale.
- du point de vue militaro-stratégique, les pays membres de
l’OTAN (en premier lieu les Etats-Unis).
- du point de vue culturel, le réseau d’information unifié
créé par les empires médiatiques occidentaux.
- du point de vue social, le « système du marché
», proclamé comme absolu et niant toutes les autres formes
d’organisation de la vie économique.
Atlantistes : stratèges de la civilisation occidentale
et leurs supporters conscients dans d’autres parties de la planète,
visant à mettre le monde entier sous contrôle et à
imposer les stéréotypes sociaux, économiques et culturels
typiques de la civilisation occidentale à tout le reste de l’humanité.
Les atlantistes sont les bâtisseurs du « Nouvel Ordre Mondial
» – le système mondial sans précédent, bénéficiant
à une absolue minorité de la population de la planète,
le dénommé « milliard doré ».
** Mondialisme – le processus de construction du « Nouvel
Ordre Mondial », au centre duquel se tiennent les groupes oligarchiques
politico-financiers de l’Occident, est appelé mondialisation. Les
victimes de ce processus sont les Etats souverains, les cultures
nationales, les doctrines religieuses, les traditions économiques,
les manifestations de justice sociale, l’environnement – toute diversité
spirituelle, intellectuelle et matérielle sur la planète.
Le terme « mondialisme » dans le lexique politique habituel
signifie seulement « mondialisme unipolaire », c’est-à-dire
non pas la fusion des différentes cultures, systèmes sociaux-politiques
et économiques en quelque chose de nouveau (ce qui serait un «
mondialisme multipolaire », un « mondialisme eurasiste »)
mais plutôt l’imposition des stéréotypes occidentaux
à l’humanité.
*** Eurasisme (dans son sens le plus large) – terme géopolitique
de base indiquant :
- du point de vue historique et géographique, le monde entier,
à l’exclusion du secteur occidental de la civilisation mondiale.
- du point de vue militaro-stratégique, tous les pays qui n’approuvent
pas la politique expansionniste des Etats-Unis et de leurs partenaires
de l’OTAN.
- du point de vue culturel, la préservation et le développement
des traditions organiques culturelles, nationales, ethniques et religieuses.
- du point de vue social, les différentes formes de vie économique
et la «société socialement juste».
L’eurasisme (dans son sens strictement historique) est un courant
philosophique né dans les années 20 parmi les émigrés
russes. Ses auteurs fondamentaux sont N.S. Trubetskoï, P.N. Savitsky,
N.N. Alexeiev, V.G. Vernadsky, V.I. Ilyn, P.P. Suvchinski, E. Khara-Davan,
Ya. Bromberg et d’autres. A partir des années 50 et 80 ce courant
fut développé et approfondi par L.N. Gumiliev.
Le néo-eurasisme – il a surgi à la fin des années
80 (le fondateur étant le philosophe A.G. Dugin) et a élargi
le champ du concept traditionnel de l’eurasisme, en le combinant avec de
nouveaux blocs d’idées et de méthodologies – traditionalisme,
géopolitique, métaphysique, « Nouvelle Droite »,
« Nouvelle Gauche », « Troisième Voie »
en économie, théorie du « Droit des Peuples »,
écologie, philosophie ontologique, vecteur eschatologique, nouvelle
compréhension de la mission universelle de l’histoire russe, perspective
paradigmatique de l’histoire de la science, etc.
Face à l’établissement de l’ordre mondialiste atlantiste
et face à la mondialisation, se tiennent les partisans du monde
multipolaire : les eurasistes. Les eurasistes défendent par
principe la nécessité de préserver l’existence de
chaque peuple sur terre, la diversité florissante des cultures et
des traditions religieuses, l’imprescriptible droit des peuples à
choisir indépendamment leur voie de développement historique.
Les eurasistes saluent l’ensemble des cultures et des systèmes de
valeur, le dialogue ouvert entre les peuples et les civilisations, la combinaison
organique entre la dévotion aux traditions et l’impulsion créatrice.
Les eurasistes ne sont pas seulement les représentants des peuples
vivant sur le continent européen. Etre eurasiste est un choix conscient,
qui signifie combiner l’aspiration à la préservation des
formes de vie traditionnelles avec l’aspiration au développement
libre et créatif (social et individuel). De cette manière,
les eurasistes sont tous des personnalités libres et créatrices
qui reconnaissent les valeurs de la tradition ; parmi eux figurent aussi
des représentants de cette région qui forme objectivement
la base de l’atlantisme.
Les eurasistes et les atlantistes sont opposés en tout. Ils
défendent deux images du monde et de son avenir, deux images
différentes, alternatives, s’excluant mutuellement. C’est l’opposition
entre les eurasistes et les atlantistes qui définit la ligne historique
du XXIe siècle.
La vision eurasiste du monde futur
Les eurasistes défendent logiquement le principe de la multi-polarité,
s’opposant au mondialisme unipolaire imposé par les atlantistes.
Comme pôles de ce nouveau monde, il n’y aura pas les Etats traditionnels,
mais plusieurs nouvelles formations civilisationnelles intégrées
(« grands espaces »), unies en «arcs géo-économiques»
(«zones géo-économiques»).
Selon le principe de la multi-polarité, l’avenir du monde est
imaginé comme des relations de partenariat équitable et bienveillant
entre tous les pays et tous les peuples, organisé – selon le principe
de proximité en termes de géographie, de culture, de valeurs
et de civilisation – en quatre arcs géo-économiques (chacun
lui-même formé de plusieurs « grands espaces »).
L’arc euro-africain, comprenant trois « grands
espaces » : l’Union Européenne, l’Afrique islamo-arabe et
l’Afrique sub-tropicale (Noire).
L’arc Asie-Pacifique, comprenant le Japon, les pays de l’Asie
du Sud-Est et l’Indochine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
L’arc continental eurasien, comprenant quatre « grands
espaces » : la Russie et les pays de la Communauté des Etats
Indépendants (CEI), les pays de l’islam continental, l’Inde, la
Chine.
L’arc américain, comprenant trois « grands espaces
» : l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et l’Amérique
du Sud.
Grâce à cette organisation de l’espace mondial, les conflits
mondiaux, les guerres sanglantes et les formes extrêmes de confrontation,
menaçant l’existence même de l’humanité, deviendront
bien moins probables.
La Russie et ses partenaires de l’arc continental eurasien établiront
des relations harmonieuses non seulement avec les arcs voisins (euro-africain
et Asie-Pacifique), mais aussi avec l’arc des antipodes – l’arc américain,
qui sera aussi appelé à jouer un rôle constructif dans
l’hémisphère occidental dans le contexte de la structure
multipolaire.
Une telle vision de l’humanité future est à l’opposé
des plans mondialistes des atlantistes, visant à créer un
monde unipolaire, stéréotypé, sous le contrôle
des structures oligarchiques de l’Occident, avec la perspective de créer
le « gouvernement mondial ».
La vision eurasiste de l’évolution de l’Etat
Les eurasistes considèrent l’Etat-Nation, sous ses traits actuels,
comme une forme obsolète d’organisation des espaces et des peuples,
typique de la période historique allant du XVe au XXe siècle.
A la place des Etats-Nations, de nouvelles formes politiques doivent émerger,
combinant l’unification stratégique des grands espaces continentaux
avec le système multi-dimensionnel complexe des autonomies nationales,
culturelles et économiques. Certains traits d’une telle organisation
des espaces et des peuples peuvent être observés dans les
anciens empires du passé (par ex. l’empire d’Alexandre le Grand,
l’empire romain, etc.) et dans les plus récentes structures politiques
(Union Européenne, CEI).
Les Etats contemporains font aujourd’hui face aux perspectives suivantes
:
1. auto-liquidation et intégration dans un unique espace
planétaire sous domination des Etats-Unis (atlantisme, mondialisation).
2. s’opposer à la mondialisation en tentant de préserver
leurs propres structures administratives (souveraineté formelle)
en dépit de la mondialisation.
3. entrer dans des formations supra-étatiques de taille régionale
(« grands espaces ») sur la base d’une communauté historique,
civilisationnelle et stratégique.
La troisième variante est la variante eurasiste. Du point de vue
de l’analyse eurasiste, c’est la seule voie de développement capable
de préserver tout ce qui est le plus valable et le plus original,
et que les Etats contemporains sont appelés à sauvegarder
face à la mondialisation. La simple aspiration conservatrice à
préserver l’Etat à tout prix est condamnée à
l’échec. L’orientation consciente des dirigeants politiques des
Etats à se dissoudre dans le projet mondialiste est considéré
par les eurasistes comme un renoncement à ces valeurs corrélatives
dont la préservation a été le devoir des Etats historiques
envers leurs sujets.
Le XXIe siècle sera l’arène de la décision fatale
des élites politiques contemporaines concernant la question de ces
trois perspectives possibles. Le combat pour la troisième variante
de développement se trouve à la base d’une nouvelle grande
coalition internationale de forces politiques, en accord avec la vision-du-monde
eurasiste.
Les eurasistes considèrent la Fédération Russe
et la CEI comme le noyau d’une future formation politique autonome : l’«
Union Eurasienne » (« l’Eurasie-noyau ») et plus tard
de l’un des quatre arcs géo-économiques mondiaux (le «
bloc continental eurasien »).
En même temps, les eurasistes sont les supporters convaincus du
développement d’un système multi-dimensionnnel d’autonomies
*.
* Autonomie (ancien grec : auto-gouvernement) – forme
d’organisation naturelle d’un groupe de gens, unis par un signe organique
quelconque (national, religieux, professionnel, familial, etc.). Un trait
distinctif de l’autonomie est la plus grande liberté dans les domaines
ne concernant pas l’intérêt stratégique des formations
politiques de dimension continentale.
Autonomie s’oppose à souveraineté – un
trait de l’organisation des peuples et des espaces, typique des Etats-Nations
dans leur forme actuelle. Dans le cas de la souveraineté, nous avons
affaire au droit prioritaire à l’organisation libre et indépendante
du territoire ; l’autonomie suppose l’indépendance dans les questions
d’organisation de la vie collective des peuples et des régions,
non liées à l’organisation du territoire..
Le principe de l’autonomie multi-dimensionnelle est vu comme la structure
organisatrice optimale de la vie des peuples, des groupes ethniques et
socio-culturels, dans la Fédération Russe comme dans l’Union
Européenne, dans l’« arc continental eurasien » comme
dans tous les autres « grands espaces » et « arcs géo-économiques
» (« zones »).
Toutes les terres (territoires) des nouvelles formations politico-stratégiques
(« grands espaces ») doivent être sous l’autorité
directe d’un centre de gouvernement stratégique. De la compétence
de l’autonomie doivent relever les questions liées aux aspects non-territoriaux
du gouvernement des collectivités.
Le principe eurasiste de la division des pouvoirs
Le principe eurasiste d’autorité politique suppose deux niveaux
différents de gouvernement : local et stratégique.
Au niveau local, le gouvernement est exercé à travers
les autonomies – bien sûr composées d’associations de différentes
sortes (depuis les peuples de plusieurs millions d’individus jusqu’aux
petites collectivités composées de quelques travailleurs).
Ce gouvernement agit selon une liberté absolue et n’est pas dirigé
par une instance supérieure. Le modèle pour une sorte donnée
d’autonomie est choisi librement, provenant de la tradition, de l’inclination,
de l’expression démocratique directe de la volonté des collectivités
organiques – sociétés, groupes, organisations religieuses.
Sous l’autorité des autonomies se trouvent :
- les questions civiles et administratives.
- le domaine social.
- L’éducation et les services médicaux.
- Tous les domaines d’activité économique.
C’est-à-dire tout ce qui se trouve en dehors des branches stratégiques
et des questions concernant la sécurité et l’intégrité
territoriale des « grands espaces ».
Le niveau de liberté des citoyens, grâce à l’organisation
de la société selon le principe eurasiste de l’autonomie,
est d’une hauteur jamais atteinte auparavant. L’homme obtient des possibilités
d’auto-réalisation et de développement créatif jamais
vues auparavant dans l’histoire de l’humanité.
Les questions de sécurité stratégique, les activités
internationales en-dehors du cadre de l’espace continental, les questions
économiques au niveau supérieur, le contrôle des ressources
stratégiques et des communications – se trouvent sous l’autorité
du centre stratégique unique *.
* Centre stratégique unique – Définition conventionnelle
pour tous les cas où le contrôle est délégué
au gouvernement régional stratégique des « grands espaces
». C’est une structure hiérarchique rigide, combinant les
éléments des services militaires, juridiques et administratifs.
C’est le pôle de la planification géopolitique et du gouvernement
des « grands espaces ».
Les domaines de compétence des niveaux de pouvoir stratégique
et local sont strictement délimitées. Toute tentative d’introduire
l’autonomie dans les questions se trouvant sous la compétence du
centre stratégique unique doivent être brisées. L’inverse
est vrai aussi.
De cette manière, les principes eurasistes de gouvernement combinent
organiquement le droit traditionnel et religieux, les traditions nationales
et locales, prennent en compte toutes les richesses des régimes
socio-politiques qui se sont formés tout au long de l’histoire,
et offrent par conséquent une solide garantie de stabilité,
de sécurité et d’inviolabilité territoriale.
La vision eurasiste de l’économie
Les atlantistes visent à imposer à tous les peuples du monde
un modèle unique de construction économique, érigeant
l’expérience de développement économique de la partie
occidentale de la civilisation mondiale aux XIX-XXe siècles au statut
d’une règle.
Au contraire, les eurasistes sont convaincus que les régime
économiques dérivent des traits historiques et culturels
du développement des peuples et des sociétés, par
conséquent dans le domaine économique ils se conforment à
la diversité, à la pluralité des régimes, à
la recherche créative, au libre développement.
Seuls les domaines stratégiques à grande échelle,
liés à la nécessité d’assurer la sécurité
générale (le complexe militaro-industriel, les transports,
les ressources, l’énergie, les communications) doivent être
soumis à un contrôle rigide. Tous les autres secteurs économiques
doivent se développer librement et organiquement selon les conditions
et les traditions des autonomies concrètes où l’activité
économique prend naturellement place.
L’eurasisme arrive à la conclusion que dans le domaine économique
il n’y a pas de vérité ultime : les recettes du libéralisme
* et du marxisme ** ne peuvent être appliquées que partiellement,
dépendant des conditions concrètes. En pratique, ce qui est
nécessaire est de combiner de diverses manières l’approche
du libre-échangisme avec le contrôle des domaines stratégiques,
et d’opérer la redistribution des profits selon les objectifs nationaux
et sociaux de la société dans son ensemble. De cette façon,
l’eurasisme se conforme au modèle de la « troisième
voie » *** en économie.
* Libéralisme – doctrine économique soutenant
que seule la liberté totale du marché et la privatisation
de tous les instruments économiques créent les conditions
optimales pour la croissance économique. Le libéralisme est
la doctrine économique dogmatique des atlantistes et des mondialistes.
** Marxisme - doctrine économique soutenant que seuls
le plein contrôle du processus économique par quelque instance
sociale, la logique de la planification générale obligatoire,
et la distribution égale des surplus entre tous les membres société
(collectivisme) peut poser les fondations économiques d’un monde
juste. Le marxisme rejette le marché et la propriété
privée.
*** Economie de la « troisième voie » – ensemble
de théories économiques, combinant l’approche du marché
avec une certaine part d’économie régulée sur la base
de tels ou tels critères et principes supra-économiques.
L’économie de l’eurasisme doit être construite sur les principes
suivants :
- subordination de l’économie à certaines valeurs spirituelles
civilisationnelles plus élevées.
- Principe de l’intégration macro-économique et division
du travail à l’échelle des « grands espaces »
(« union douanière »).
- création d’un unique système financier, de transports,
d’énergie, de production et d’information à l’intérieur
de l’espace eurasien.
- frontières économiques différenciées
avec les « grands espaces » et les « zones géo-économiques
» voisins.
- Contrôle stratégique par le centre des branches formant
le système et liberté maximale parallèle pour l’activité
économique au niveau du moyen et petit commerce.
- Combinaison organique des formes d’autorité (structure du
marché) avec les traditions sociales, nationales et culturelles
des régions (absence d’une règle économique uniforme
dans les moyennes et grandes entreprises).
La vision eurasiste de la finance
Le centre stratégique unique de l’Union Eurasienne doit également
considérer comme d’importance stratégique la question du
contrôle de la circulation monétaire. Aucun moyen de paiement
ne doit prétendre au rôle de devise de réserve mondiale.
Il est nécessaire de créer une véritable devise de
réserve eurasienne, ayant cours légal sur les territoires
appartenant à l’Union Eurasienne. Aucune autre devise ne doit être
utilisée comme devise de réserve dans l’Union Eurasienne.
D’autre part, il faut encourager de toutes les manières la création
de moyens locaux de paiement et d’échange, ayant cours légal
à l’intérieur d’une ou plusieurs autonomies voisines. Cette
mesure empêche l’accumulation du capital à des fins spéculatives
et fournit un stimulant à sa circulation. En outre, cela accroît
le volume d’investissement dans le secteur réel de l’économie.
Par conséquent, les fonds seront investis avant tout là où
ils peuvent être employés de manière productive.
Dans le projet eurasiste, le domaine financier est vu comme un instrument
de production réelle et d’échange, dirigé vers l’aspect
qualitatif du développement économique. A la différence
du projet atlantiste (mondialiste), la sphère financière
ne doit avoir aucune sorte d’autonomie (financialisme *).
* Financialisme – système économique de la société
capitaliste dans sa phase post-industrielle, résultat logique du
développement illimité des principes libéraux en économie.
Son trait distinctif est la subordination du secteur réel de l’économie
aux opérations virtuelles (marchés boursiers, marchés
des titres financiers, investissements de portefeuilles, opérations
sur des dettes internationales, futures transactions, prévision
spéculative des tendances financières, etc.). Le financialisme
joue sur les politiques monétaristes, séparant le domaine
monétaire (devises de réserve mondiale, monnaie électronique)
de la production.
La vision régionale du monde multi-polaire suppose différents
niveaux de devises :
- devise géo-économique (argent et valeur papier, ayant
cours légal à l’intérieur d’une zone géo-économique
déterminée, en tant qu’instrument de relations financières
entre les centres stratégiques d’un ensemble de « grands espaces
»).
- devise du « grand espace » (argent et valeur papier,
ayant cours légal à l’intérieur d’un « grand
espace » déterminé – particulièrement à
l’intérieur de l’Union Eurasienne - en tant qu’instrument de relations
financières entre les autonomies).
- devise (les différentes formes d’échange) au niveau
des autonomies.
Les institutions d’émission et de crédit financier – banques
régionales, banques des « grands espaces », banques
(et leurs équivalents) des autonomies – doivent être organisée
en accord avec ce schéma.
L’attitude eurasiste envers la religion
Dans la foi en l’héritage spirituel des prophètes, dans la
grande valeur de la vie religieuse, l’eurasisme voit une marque de renouveau
authentique et de développement social harmonieux.
Les atlantistes refusent par principe de voir autre chose que l’éphémère,
le temporaire, le présent. Pour eux il n’y a essentiellement ni
passé ni avenir.
La philosophie de l’eurasisme, au contraire, combine la foi profonde
et sincère dans le passé avec une attitude ouverte envers
l’avenir. Les eurasistes saluent la fidélité aux sources
aussi bien que la libre recherche créatrice.
Le développement spirituel est pour les eurasistes la principale
priorité de la vie, dont l’absence ne peut trouver de compensation
dans des biens économiques ou sociaux.
Selon l’opinion des eurasistes, chaque tradition religieuse ou système
de foi local, même le plus insignifiant, est le patrimoine de toute
l’humanité. Les religions traditionnelles des peuples, reliées
aux divers héritages spirituels et culturels, méritent la
plus extrême attention et le plus grand intérêt.
Les structures représentatives des religions traditionnelles
doivent bénéficier du soutien des centres stratégiques.
Les groupes schismatiques, les associations religieuses extrémistes,
les sectes totalitaires, les prêcheurs de doctrines et d’enseignements
non-traditionnels, et toutes les autres forces orientées vers la
destruction doivent être activement combattues.
La vision eurasiste de la question nationale
Les eurasistes considèrent que tous les peuples du monde – depuis
ceux ayant fondé de grandes civilisations jusqu’aux plus petits
ayant soigneusement préservé leurs traditions – forment une
richesse inestimable. L’assimilation par l’influence externe, la perte
de la langue ou du mode de vie traditionnel, l’extinction physique de n’importe
lequel des peuples de la Terre est une perte irréparable pour toute
l’humanité.
La profusion des peuples, des cultures, des traditions, est appelée
« diversité florissante » par les eurasistes – un signe
du développement sain et harmonieux de la civilisation humaine.
Les Grand-Russiens, à cet égard, représentent
un cas unique de fusion de trois composants ethniques (slave, turc, et
finno-ougrien) en un peuple, avec une tradition originale et une riche
culture. Le fait même de l’émergence des Grand-Russiens à
partir de la synthèse de trois groupes ethniques contient un
potentiel d’intégration d’une valeur exceptionnelle. Pour cette
raison même, la Russie est devenue plus que jamais le cњur de l’union
de nombreux peuples et cultures différents en un seul tissu civilisationnel.
Les eurasistes pensent que la Russie est destinée à jouer
encore le même rôle au XXIe siècle.
Les eurasistes ne sont pas isolationnistes, dans la mesure même
où ils ne sont pas des partisans de l’assimilation à tout
prix. La vie et le destin des peuples est un processus organique qui ne
tolère aucune interférence artificielle. Les questions interethniques
et internationales doivent être résolues selon leur logique
interne. Chaque peuple de la Terre doit avoir la liberté de faire
indépendamment ses propres choix historiques. Personne n’a le droit
de forcer un peuple à perdre son caractère unique dans un
« melting-pot » mondial », comme les atlantistes le souhaitent.
Pour les eurasistes, les droits des peuples ne sont pas moins importants
que les droits de l’homme.
L’Eurasie comme planète
L’eurasisme est une vision du monde, un projet géopolitique, une
théorie économique, un mouvement spirituel, un noyau pour
consolider un large spectre de forces politiques. L’eurasisme est libre
de tout dogmatisme, de toute soumission aveugle aux autorités et
aux idéologies du passé. L’eurasisme est la plate-forme idéale
des habitants du monde nouveau, pour lesquels les disputes, les guerres,
les conflits et les mythes du passé n’ont qu’un intérêt
historique. L’eurasisme en tant que principe est la nouvelle vision du
monde pour les nouvelles générations du nouveau millénaire.
L’eurasisme tire son inspiration de diverses doctrines philosophiques,
politiques et spirituelles, qui jusqu’à présent semblaient
réciproquement irréconciliables et incompatibles.
En même temps, l’eurasisme possède un ensemble précis
d’idées fondatrices, desquelles on ne peut dévier dans aucune
circonstance. L’un des principaux principes de l’eurasisme est l’opposition
conséquente, active et en tous lieux au projet mondialiste unipolaire.
Cette opposition (différente de la simple négation ou du
simple conservatisme) a un caractère créatif. Nous comprenons
le caractère inévitable de certains processus historiques
: notre but est d’en être conscients, d’y prendre part, et de les
conduire dans la direction qui correspond à nos idéaux.
On pourrait dire que l’eurasisme est la philosophie de la mondialisation
multipolaire, appelant à l’union de toutes les sociétés
et de tous les peuples de la Terre pour construire un monde original et
authentique, dont chaque composante proviendra organiquement des traditions
historiques et des cultures locales.
Historiquement, les premières théories eurasistes ont
fait leur apparition parmi les penseurs russes au début du XXe siècle.
Mais ces idées étaient en accord avec la recherche spirituelle
et philosophique de tous les peuples de la Terre – du moins, de ceux qui
comprenaient la nature limitée et inadéquate des dogmes banals
à l’échec et à l’impasse desquels étaient liés
les clichés intellectuels, [de ceux qui comprenaient] la nécessité
de s’évader des cadres habituels pour aller vers de nouveaux horizons.
Aujourd’hui nous pouvons attribuer à l’eurasisme une signification
nouvelle et globale ; nous pouvons comprendre que notre héritage
eusasiste n’est pas l’њuvre de la seule Ecole russe, le plus souvent désignée
par ce nom, mais aussi celle de l’immense source culturelle et intellectuelle
de tous les peuples de la Terre n’appartenant pas strictement au cadre
étroit de ce qui jusqu’à une date récente (au XXe
siècle) était considéré comme l’orthodoxie
immuable (libéralisme, marxisme et nationalisme).
Dans son sens le plus élevé et le plus large, l’eurasisme
acquiert une signification nouvelle et extraordinaire. A présent
il n’est plus seulement la forme de l’idée nationale de la nouvelle
Russie post-communiste (ainsi qu’il était considéré
par les pères fondateurs du mouvement et par les néo-eurasistes
contemporains durant la première phase), mais plutôt un vaste
programme d’importance planétaire, dépassant de loin les
frontières de la Russie et même du continent eurasien. Tout
comme le concept d’« américanisme » peut aujourd’hui
être appliqué à des régions géographiques
se trouvant au-delà des limites du continent américain, l’«
eurasisme » signifie un choix civilisationnel, culturel, philosophique,
stratégique particulier, qui peut être fait par n’importe
quel représentant de l’espèce humaine, quel que soit l’endroit
de la planète où il vit, ou la culture nationale et spirituelle
à laquelle il appartient.
Pour donner un contenu réel à cette signification de l’eurasisme,
il y a encore beaucoup à faire. Et dans la mesure où de nouvelles
strates culturelles, nationales, philosophiques et religieuses rejoindront
notre projet, la même signification globale de l’eurasisme sera élargie,
enrichie, changée dans ses traits … Cependant une telle évolution
du sens de la plate-forme eurasiste ne doit pas simplement rester une question
théorique – de nombreux aspects ne pourront trouver leur expression
et leur accomplissement que par la pratique politique concrète.
Dans la synthèse eurasiste, il ne peut y avoir de pensée
sans action, ni d’action sans pensée.
Le champ de la bataille spirituelle pour le sens et pour l’issue de
l’Histoire est le monde entier. Le choix d’un camp dépend de chacun
personnellement. Le temps décidera du reste. Cependant, tôt
ou tard, par de grandes réalisations et au prix de combats dramatiques,
l’heure de l’Eurasie viendra.
Traduit du russe par Martino Conserva Version française par Franz Destrebecq