Цели «Евразийского Движения»:
- спасти Россию-Евразию как полноценный геополитический субъект
- предотвратить исчезновение России-Евразии с исторической сцены под давлением внутренних и внешних угроз --
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LE DÉFI POUR LA RUSSIE ET LA
RÉCHERCHE POUR L’IDENTITÉ
De l'entretien à KM.ru, Octobre
2001
Ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas
Si nous voulons que la Russie prenne une position correcte dans le cours
des événements mondiaux, nous devons comprendre ce que nous
sommes et ce que nous ne sommes pas, et à l’intérieur de
quel système de coordonnées nous agissons. Ce n’est pas vraiment
évident. Notre société reste profondément divisée
quant à sa vision du monde. Elle est troublée, perplexe,
effrayée et inquiète.
La société russe se trouve aujourd’hui au milieu d’un
obscur combat entre des identifications opposées, de chaque coté
desquelles se tient tel ou tel groupe d’influence, telle ou telle strate
de la population – mais parmi lesquelles n’existe ici aucun consensus en
terme d’idéologie, de politique et de vision du monde.
Je suis un défenseur de la vision eurasiste de l’histoire russe.
Par conséquent, tout mon système d’évaluation de la
Russie moscovite, de celle de Pierre I, de celle du joug romano-germanique
(tel est le nom qu’utilisent Trubetskoï et Savitsky pour désigner
la période qui suivit celle de Pierre I) est inscrit dans le cadre
d’évaluation de l’eurasisme classique. A partir de ce point de départ,
je me trouve mieux disposé envers, disons, la période soviétique
de l’histoire russe, qu’envers la période des Romanov. Je suis convaincu
que – pour paradoxal que cela puisse sembler – au temps du pouvoir bolchevik,
l’accent était davantage mis sur les éléments nationaux
et moscovites, sur les racines et le sol, que pendant la période
des Romanov.
L’élite politique contemporaine a beaucoup en commun avec les
penseurs de la période romano-germanique. Elle montre, comme elle
le faisait alors, sa haine pour le peuple russe, considéré
comme étant sous-développé vis-à-vis des peuples
européens vivant dans les autres pays européens. Il n’existe
pas de consensus dans la société russe sur la manière
dont la Russie doit maintenant se développer. Notre société
est déchirée par certains mythes d’identification bien précis,
et il arrive fréquemment de rencontrer des gens qui utilisent des
systèmes opérationnels remplis de contradictions, dans leurs
propres analyses.
La Russie en tant que « pays occidental sous-développé
»
Le premier modèle est l’auto-identification de la Russie comme étant
une partie périphérique, quelque peu arriérée,
de la civilisation occidentale. C’est la thèse sur « la Russie
en tant que pays occidental sous-développé ». Un secteur
de ces « pro-occidentaux » considère qu’un tel «
sous-développement » apparaît seulement en relation
avec des paramètres technologiques, alors que pour tout le reste
la Russie est un pays avec sa personnalité propre, méritant
son droit à une existence autonome, auto-suffisante. C’est probablement
la vision de la Russie à laquelle s’accrochent les patriotes russes
cultivés appartenant à la sphère politique, parmi
lesquels figure aussi notre président Vladimir Putin. Un autre secteur
des « pro-occidentaux » est convaincu de l’arriération
irrémédiable et fatale de la Russie, de son total sous-développement,
de son caractère périphérique et de sa marginalité
du point de vue juridique, culturel, intellectuel et idéologique.
Une telle position est soutenue, par exemple, par Tchoubaïs, Kokh,
Gaïdar, etc., c’est-à-dire par les atlantistes russes. Pour
les gens qui regardent la Russie comme faisant partie de la civilisation
occidentale, le danger réside dans le fait que nous ne serions simplement
pas capables à la fois de rattraper l’Occident, de nous unir à
l’Europe, de nous développer technologiquement et moralement, de
créer une société civile et de créer nos propres
institutions de marché libre (telle est la position des patriotes
pro-occidentaux), et de rester nous-mêmes, plongeant dans notre propre
originalité, notre régime inimitable, manquant à jamais
la rencontre avec l’Occident (du point de vue des « occidentaux-russophobes
», cela est la tragédie actuelle). Entre ces deux catégories
d’« occidentaux » il y a à la fois des similarités
et des différences. Et pourtant les uns et les autres définissent
leurs ennemis en partant de la thèse : « la Russie = pays
occidental sous-développé ». En tant qu’opposition
interne ces ennemis sont identifiés comme étant ceux qui
entravent l’occidentalisation de la Russie, son « atlantisation »
– « la coupe des barbes » [épisode bien connu du règne
de Pierre le Grand, qui avait obligé les boyards – les nobles –
à raser leur barbe pour ressembler aux Européens], l’attitude
envers le progrès technologique, le libre-échange et la société
civile. Pour les occidentaux, sont dangereux tous ceux qui visent, d’une
manière ou d’une autre, à dévier de la voie occidentale
de développement, mettant la Russie sur une voie différente,
alternative.
Les partisans de la thèse : « la Russie est un pays occidental
sous-développé » sont nombreux parmi le gouvernement
du pays, parmi l’intelligentsia urbaine, le milieu des affaires, les médias
fédéraux. Ils sont significativement moins nombreux à
la Douma, et encore moins nombreux dans le peuple. Plus on s’éloigne
de Moscou, plus leur pourcentage est faible parmi toutes les strates de
la société, y compris parmi les autorités et le milieu
des affaires – quel que soit leur nombre absolu. En termes absolus ils
ne sont qu’une petite minorité parmi les citoyens russes, alors
que parmi les élites fédérales, en particulier parmi
les autorités exécutives et les médias, ils sont au
contraire l’écrasante majorité. Cette disproportion très
dangereuse et déplaisante est chargée de menaces de sérieuses
crises et explosions sociales et politiques.
La Russie en tant que civilisation originale
La seconde position est l’auto-identification de la Russie en tant que
civilisation originale ; par conséquent, ni « arriérée
» ni « occidentale », puisqu’ici il ne peut y avoir aucune
commune mesure entre la Russie et l’Occident. La Russie est un pays qui
ne peut pas et ne doit pas se mesurer elle-même à l’échelle
"de l'ordinaire arshin” (F. Tyutchev),
car elle possède sa « complexion propre ». Ceux qui
adhèrent (consciemment ou non) à la position eurasiste pour
la question de l’identification, ceux-là sont convaincus de l’existence
d’une histoire et d’une société russe propres et particulières,
un système de valeurs peut-être pas détecté
aussi complètement que prévu intuitivement par les Slavophiles,
Danilevsky, Leontiev, qui permet de mesurer la Russie selon une échelle
interne, souveraine.
Dans l’opinion des défenseurs de ce genre de modèle d’identification
– auquel j’appartiens moi-même – la menace principale réside
dans le mouvement vers l’Occident dans tous les domaines : géopolitique,
culture, économie, technologie, pouvoir des médias.
Même le camp patriotique n’est pas uniforme. Il inclut les purs
nationalistes, qui s’inquiètent seulement des intérêts
des Grand-Russiens, des Slaves, avec une bonne dose de xénophobie.
Ce sont les nostalgiques du modèle soviétique. Et ce sont
les eurasistes. Corrélativement, pour chacun des trois groupes mentionnés,
il y a une vision différente de l’ennemi. Tous les patriotes rejettent
la voie occidentale de développement et refusent de considérer
la Russie comme un « pays occidental sous-développé
». Mais si nous allons plus loin, le tableau devient plus complexe
et des contradictions internes apparaissent.
Ainsi, les « nationalistes étroits » considèrent
que – à part l’Occident – la menace vient aussi de ceux qui veulent
à leur tour « élargir » la Russie, élargissant
l’identification au-delà des frontières de l’ethnie russe.
Par conséquent, ils sont hostiles à la fois aux eurasistes
et aux néo-communistes. Dans les cas extrêmes, ces «
nationalistes étroits » peuvent même aller jusqu’à
des formes de partenariat avec les « occidentaux » – unis à
eux par l’anti-communisme. Les partisans de la version néo-soviétique
de l’idée nationaliste considèrent que le mal fondamental
est le capitalisme, le libéralisme, le système bourgeois.
Par conséquent, ils ajoutent une dimension socio-économique
à l’orientation anti-occidentale. Leur ennemi N° 1 est le capitalisme,
alors que pour les nationalistes et les eurasistes l’aspect économique
n’est que secondaire.
Les eurasistes regardent la situation présente depuis leur propre
perspective. Leur ennemi principal est la civilisation occidentale. Ils
unissent en eux-mêmes toutes les thèses anti-occidentales
– géopolitiques, vision-du-monde, religieuses, historiques, culturelles,
socio-économiques – et sont prêts à faire alliance
avec tous les patriotes et tous les défenseurs d’une politique de
puissance [derzhavniki] (de droite ou de gauche) pour le salut de
l’originalité russe face à la menace de la globalisation
et de l’atlantisme.
L’Occident est le royaume de l’Antéchrist
Les eurasistes affirment l’identité de la Russie dans sa plus large
signification civilisationnelle, où le dénominateur commun
se tient au-dessus des différents secteurs ethniques, raciaux, culturels
et confessionnels. Tous ensemble, ils constituent la civilisation eurasienne
unique de Russie-Eurasie. Le mouvement « Eurasia », dont je
suis le leader, est porteur de l’expression politique et de la vision-du-monde
de cette position.
Pour nous, les eurasistes, l’Occident est le royaume de l’Antéchrist,
le « lieu maudit ». Toutes les menaces contre la Russie viennent
de l’Occident et des représentants des tendances occidentales en
Russie. Nous sommes contre la dilution de la Russie dans la civilisation
occidentale, contre l’orientation vers l’Occident, mais – à la différence
des simples communistes et nationalistes – nous comprenons parfaitement
que la Russie seule ne peut pas se maintenir face à la globalisation.
La Russie ne peut pas être exclusivement renfermée sur elle-même.
Dans cette nouvelle phase, nous devons formuler et proposer aux autres
peuples un idéal alternatif : quelque chose de différent,
qui ne soit ni l’occidentalisme ni l’atlantisme, ni la formule libérale-démocrate
de messianisme. L’originalité et la pluralité russes des
régimes a toujours existé. Nous n’avons jamais été
et n’aurions jamais pu être un pays aussi pleinement occidental que,
par exemple, la France. La complexité florissante, propre à
une civilisation traditionnelle, à une société de
type impérial, a toujours été préservée
par nous, même dans les périodes les plus difficiles. En Russie,
il n’a jamais existé de modèle universel pour toutes les
ethnies se trouvant à l’intérieur de ses frontières,
même sous les communistes. Les couches archaïques et la polychromie
furent toujours préservées.
Indubitablement la Russie n’est ni irréprochable ni idéale
dans son développement historique, on peut trouver de nombreux moments
négatifs. Pourtant, même à l’époque du «
joug romano-germanique », des tentatives d’établir partout
un modèle de civilisation anti-national en Russie, les traits de
la culture russe originelle ont constamment survécu. Assez curieusement,
cette position des autorités officielles envers l’élément
populaire fut beaucoup plus hostile et dure au 18ème siècle
qu’au 19ème. Très peu de gens savent qu’au 18ème siècle
la croix orthodoxe à huit branches, aujourd’hui présente
dans toutes les églises, était interdite. Elle était
considérée comme un symbole de ce qu’on appelait la «
foi
de Brynsk », comme la nomma un écrivain « uveau
croyant ». Mais au 19ème siècle, la croix à
huit branches revint, silencieusement et pas à pas, sans «
révolution », et avec elle revivent de nombreux autres aspects
de l’ancien mode de vie russe, rejetés à la fin du 18ème
siècle et au début du 19ème siècle. Les éléments
populaires plus anciens et plus profonds émergèrent progressivement
à travers les formes étrangères de l’élite
occidentalisée des Romanov. Nous devons donc séparer «
la Patrie idéale », la Russie en tant que « Patrie parallèle
», d’avec son incarnation historique concrète, dans laquelle
diverses strates se sont superposées l’une sur l’autre, apparaissant
les unes après les autres.
Atlantisme contre eurasisme
Aujourd’hui notre tâche est seulement de transformer l’originalité
russe en un modèle universel de culture, en une alternative au globalisme
atlantiste, et aussi en une vision-du-monde complète en elle-même.
Et cela est rendu possible par l’existence d’un ennemi commun – l’atlantisme,
le Nouvel Ordre Mondial, la globalisation américano-centrée
– exposant ouvertement ses plans, ses intentions, ses objectifs et ses
méthodes. Face à l’hégémonie absolue des Etats-Unis
et des pays qui les ont rejoints, tous les Etats restants deviennent automatiquement
un seul bloc. Ils sont exposés à tour de rôle à
des frappes aériennes (rappelons-nous les Yougoslaves, les Irakiens,
les Afghans, les Libyens, et le temps n’est plus très éloigné
où ils seront rejoints par les Biélorusses et les Ukrainiens).
Peut-être un destin similaire nous attend-il. La guerre a été
menée depuis déjà longtemps en Europe, et pas selon
le principe « musulmans contre chrétiens ». Derrière
tout cela se tient la géopolitique, l’opposition entre l’atlantisme
et l’eurasisme.
J’ai une expérience des Balkans, où se déroule
un massacre contemporain, presque comme au Moyen-Age. En-dehors de toute
autre considération, cela signifie que l’humanité, bien que
changeant constamment, reste fondamentalement la même – ses valeurs
les plus importantes et les plus fondamentales sont toujours l’ethnie et
la religion, l’amour de la justice et la soif de liberté, la foi
en un idéal et la haine de l’ennemi. Ce qui compte est seulement
de définir correctement la ligne de front, les amis et les ennemis
pour chaque civilisation, chaque peuple, chaque tradition.
Je ne crois pas que l’opposition entre les Etats-Unis (l’Occident) et
le wahabisme soit vraiment sérieuse. Nous savons que la dernière
rencontre entre Ben Laden et ses sponsors de la CIA a eu lieu en août
à Dubaï, où il résidait. On peut maintenant lire
cela dans n’importe quel journal anglais. Mais ce sont des détails.
En matière de faits, le dénommé « islam radical
» (wahabisme, salafisme) est une force construite et constamment
gonflée par les Etats-Unis et dirigée contre l’Eurasie, contre
une alliance eurasiatique potentielle, contre la Russie, l’Iran, la Chine,
l’Inde, l’Europe.
Notre modèle propose d’établir entre ces Etats des liens
et des contacts multiformes sur la base d’une globalisation alternative.
Je ne parle pas d’une tentative de construire une sorte d’idéologie
unifiante, part exemple du genre soviétique. Nous proposons une
philosophie fondamentale de multi-polarité, où la différence
ne réside pas dans la nature de l’aliénation, mais dans la
nature de la consolidation. C’est-à-dire que nous voulons conserver
notre unicité (qui signifie la diversité, dans tous les cas)
face à l’unification, qui signifie la mort de la diversité.
Nous voulons cette multiplicité et cette diversité des cultures,
des ethnies, des peuples, non pour empêcher mais au contraire pour
contribuer à la consolidation des efforts opposés à
l’ennemi commun. Aujourd’hui, comme pendant la seconde guerre mondiale,
comme pendant d’autres affrontements sévères, d’une manière
difficile et inattendue, une nouvelle coalition se forme néanmoins.
C’est une consolidation progressive des pays, des cultures, des religions,
des organisations sociales, des mouvements politiques, mécontents
de la globalisation unipolaire.
L’Eurasisme en tant qu’anti-globalisme universel
Il est cependant faux de considérer qu’aujourd’hui un modèle
anti-globaliste universel commun existe déjà. Si cela est
seulement un début, alors la philosophie eurasiste possède
tous les arguments indispensables pour devenir le levain d’un tel anti-globalisme
universel. De plus, « l’ennemi commun » rallie et offre certains
fondements civilisationnels de base, géopolitiques et stratégiques,
avec lesquels nous pouvons déjà travailler. Et certainement,
la géopolitique vient en premier.
J’ai eu affaire à cette discipline depuis quinze ans ; j’ai publié
le manuel « Fondements de la géopolitique »,
montrant que l’opposition à la globalisation unipolaire de la part
de tous les sujets restants de la politique internationale possède
une très sérieuse base conceptuelle, historique et théorique.
Dans certaines conditions déterminées, les efforts des différents
pays et peuples concernant l’opposition à un unique centre de force
mondial convergent en une seule tendance. Nous voyons la manière
dont les musulmans professant l’islam traditionnel et les chrétiens
de l’Eglise orthodoxe se rejoignent dans le combat contre le wahabisme.
Ici un élément très important est la ressemblance
de la structure de l’expérience religieuse pour des traditions ayant
des principes dogmatiques différents.
Des intérêts communs pourraient se manifester aussi dans
le domaine matériel pratique – dans le domaine des ressources en
énergie, qui sont limitées dans le monde contemporain. Ainsi
dans le domaine énergétique il existe de nombreux intérêts
communs entre la Russie et l’Union Européenne. Dans ce cas les différences
culturelles ne diminuent pas le degré de partenariat stratégique
dans les domaines économique et énergétique. Politiquement
et philosophiquement, l’Europe peut difficilement assimiler l’eurasisme,
et les fondateurs de ce courant ont rencontré une réception
assez fraîche de la part de la culture romano-germanique. Néanmoins
certaines convergences de base pourraient apparaître dans les politiques
rejetant le libéralisme radical (qui caractérise à
la fois les socio-démocrates et les républicains européens
de droite du genre gaulliste/ adenauérien), et aussi dans «
l’eurasisme économique ou énergétique » dans
le domaine des préoccupations purement matérielles.
Après les événements de septembre et le début
de l’opération militaire alliée en Afghanistan, nous sommes
face à la menace d’être impliqués dans un conflit sur
notre territoire. Les attaques contre les Etats-Unis ont eu des répercussions
sévères sur l’Eurasie.
Nous avons encore aujourd’hui des chances de conclure des alliances
géopolitiques avec diverses puissances dans diverses conditions.
Avec l’Iran nous nous rapprochons par nos préoccupations régionales
en Asie Centrale et par une stratégie commune en politique et en
économie. Avec l’Inde la même chose est vraie, dans ce cas
pour l’Asie de l’Est. Avec le Japon – par l’économie et les questions
liées aux ressources en Extrême-Orient, et par les frictions
communes avec la Chine. En Europe, la Russie se sent proche de la social-démocratie
ou du gaullisme français, et plus généralement des
partisans de l’intégration européenne, transformant l’Union
Européenne en une force pas seulement économique, mais aussi
politique. Dans une perspective à court terme, même la Chine
peut être considérée comme un allié tactique
pour la Russie ; mais à long terme la Chine apparaît incapable
d’assumer un rôle eurasiste sérieux, sans parler d’un rôle
mondial. Voyez-vous, à l’intérieur de la Chine, loin de la
région côtière développée, vit une énorme
masse de pauvres gens malheureux, qui pour survivre grattent avec des bâtons
dans des marais à la recherche d’oiseaux morts. Que peut obtenir
la Russie de la part de la Chine, à part une masse affamée
? – et de plus sa propre culture est une puissante pratique millénaire
d’assimilation raciale des étrangers. Nous avons un degré
de complémentarité géopolitique assez faible avec
les Chinois. Par conséquent je suppose qu’une relation excessivement
étroite avec la Chine peut même être dangereuse pour
nous.
Mais, indubitablement, le danger principal – contre lequel il est possible
de se solidariser, même avec les Chinois – est l’Occident dirigé
par les Etats-Unis. Si nous regardons ce qui se passe dans le monde, aux
Etats-Unis, derrière le rideau d’une façade démocratique,
nous verrons clairement un mécanisme en action, qui se dirige vers
sa fin, avec une force infernale, indépendamment de tout. Cela contraste
fortement avec les rues de New York, où une foule disparate se promène
apparemment au hasard. Voilà les vrais Etats-Unis, l’Empire atlantiste
du Mal, la Carthage mondiale, notre véritable adversaire, au lieu
de cette Amérique protestante fondamentaliste, ou encore, de cette
Amérique grossière de MTV, que nous connaissons de l’extérieur.
Le « destin manifeste » et l’élite américaine
Il existe un certain module, imprégnant toute la société
américaine. Un certain paradigme, selon lequel toutes les décisions
sont prises à l’intérieur des structures de pouvoir. C’est
le « pacte atlantiste », ce qu’ils appellent le « destin
manifeste ». C’est un certain code de la « puissance maritime
», l’origine secrète du Léviathan, le monstre maritime
qui mène à travers les siècles et les civilisations
l’interminable guerre des continents contre le monstre terrestre, contre
Béhémoth. Il existe une étrange et même mystérieuse
consistance et continuité déterminée de la politique
étrangère des Etats-Unis, qui n’est pas non plus entravée
par l’hétérogénéité, la différenciation
interne de la société américaine, si nous regardons
les frictions entre les partis et les politiciens. Seule la façade
change, le « code maritime » fondateur reste constant. L’enveloppe
avec le message scellé du Léviathan est prête pour
toutes les occasions. Dans les moments critiques de tels messages sont
ressortis, et ce qu’il faut faire apparaît clairement. Ce pacte du
Léviathan a aussi ses propres messagers explicites – ce sont les
géopoliticiens américains, qui comprennent très clairement
la logique de ce code et le transmettent à travers un système
de fondations et d’organisations particulières comme le CFR (Council
on Foreign Relations, Conseil en Relations Etrangères), dans
lequel un rôle majeur est joué par Zbigniew Brzeszinski.
La Russie-Eurasie aussi possède un code similaire – le «
code de Béhémoth », le paradigme de la « civilisation
continentale ». Nous aussi avons un « destin manifeste »,
mais il est considérablement différent du destin de l’Occident.
Les constantes civilisationnelles découlent explicitement de la
compréhension de l’histoire russe – et à travers toutes ses
phases. Mais l’impression demeure que cela arrive spontanément,
inconsciemment, alors qu’au niveau subjectif les élites s’échappent
souvent de ce cadre, se sentant comme possédées par un dessein
extrême, et quittent (ou s’en laissent écarter) la voie eurasiste
principale.
Ainsi notre société russe semble souvent solide vue de
l’extérieur, alors que les élites agissent en fait chaotiquement
et séparément. Aux Etats-Unis, au contraire, la société
apparaît extérieurement éclatée, mais les élites
agissent solidairement et rigoureusement. En général, le
type de la vraie élite américaine – les WASP ou même
les nouveaux types de l’élite afro-américaine (tels que Condoleeza
Rice) – possède de nombreux traits du totalitarisme dur. Dans certains
secteurs précis, la société libérale se rapproche
dangereusement du fascisme. Alors que – ayant fait l’expérience
de l’autoritarisme – la société eurasiatique garde en elle-même
un large degré de liberté.
Atlantistes and globalistes
Je place devant moi un spectre du fondamentalisme américain du genre
Protestant. D’une part, ils peuvent être nos alliés, car ils
considèrent que l’expansion excessive, les frontières planétaires
du monde sous contrôle américain, causent un dommage à
la puissance américaine. Si leur projet isolationniste était
réalisé, nous aurions l’Amérique de Woodrow Wilson,
une Amérique qui serait revenue à la doctrine Monroe. Cela
serait si positif pour nous que dans ce contexte donné nous pourrions
considérer les Etats-Unis comme nos alliés. Mais hélas,
l’influence de ces forces ne dépasse pas celle de l’aile d’extrême-droite
du Parti Républicain et des milices désordonnées.
De plus, la base religieuse-culturelle de ce secteur est si différente
de toutes les formes d’eurasisme, que dans ce cas on ne peut pas parler
d’affinité métaphysique ou de ressemblance de « code
culturel ». Et les mêmes fondamentalistes-« distributeurs
» considèrent l’Eurasie comme le « royaume de l’Antéchrist
», comme le « pays de Gog ». Ronald Reagan leur emprunta
le slogan expressif sur l’URSS, «l’empire du mal ». En d’autres
mots, ici nous pouvons seulement parler de la convergence pragmatique des
positions géopolitiques.
Les Républicains normaux, même en s’opposant à leur
aile extrémiste, ne remettent pas en cause la nécessité
de la suprématie de l’Amérique dans le monde. En cela ils
ne diffèrent pas des Démocrates. Tous deux ont des objectifs
généraux, un idéal planétaire uniforme : un
modèle démocratique de marché libre sous l’égide
des Etats-Unis, représentant l’extension du modèle socio-politique
et économique américain à la planète entière
– un mélange général des peuples, des cultures, des
religions, des races. Le débat entre purs globalistes (les Démocrates)
et purs Atlantistes (les Républicains) porte seulement sur l’étendue,
les formes et les formules du contrôle mondial par les Etats-Unis.
Les globalistes maintiennent qu’un droit précis à la parole
doit être garanti aussi aux autres pays à coté de l’Amérique.
Les atlantistes maintiennent que seuls les Américains doivent entrer
dans le « gouvernement mondial » et que ce leadership doit
être solidement fondé sur l’usage direct de la force contre
les rebelles, de la part des Etats-Unis et de leurs partenaires de l’OTAN.
Cependant, même les Démocrates ne contestent pas cela.
Le germe de la guerre civile
Je suis parti du fait que dans notre société existe une tendance
assez puissante, concevant la Russie comme un « pays occidental sous-développé
». Il y a aussi tous ceux qui ne pensent pas ainsi. Plus important,
dans la société russe n’existe pas de consensus concernant
l’auto-identification de la Russie. Et de cela résulte logiquement
une hésitation concernant la nature de la menace principale, la
direction dont elle viendra, et comment réagir en conséquence.
Nous pouvons probablement dire que le principal défi à l’intégrité
et à l’identité de notre pays est présent aujourd’hui
dans la société comme un germe, le germe de la guerre civile.
Notre idée eurasiste consiste à opposer au globalisme
planétaire unipolaire sous l’égide des Etats-Unis, un modèle
alternatif de globalisation – multipolaire ou globalisation régionale.
La présence d’un ennemi commun unit les participants les plus divers
de ce projet alternatif, lui donnant certains fondements géopolitiques,
stratégiques, basiques, civilisationnels précis, avec lesquels
nous pouvons déjà travailler.
L’eurasisme propose son projet intégrationniste également
à l’intérieur de notre pays. C’est peut-être la seule
voie pour vraiment intégrer les différentes forces sociales
de la Russie autour de la forme d’Idée Nationale la plus générale
et la plus raisonnable. L’eurasisme est le garant de la sécurité
de notre société à la fois dans un sens stratégique,
civilisationnel et politique.
Notes
Arshin: ancienne mesure de longueur correspondant à 0,71
m.
« Foi de Brynsk » est le nom péjoratif dont les partisans
du Vieux Rituel (starodbriyadtsy) étaient affublés
par certains des « Nouveaux Croyants » (schisme russe du XVIIè
siècle).
Le livre auquel l’auteur se réfère probablement est «
Des
preuves de la Foi schismatique de Brynsk ». Dans la forêt
de Brynsk, dans le district de Bryansk près de Smolensk, un monastère
a existé depuis 1535.
et traduit par M. Conserva.
Телепартия
Александр Дугин: Постфилософия - новая книга Апокалипсиса, Russia.ru
Валерий Коровин: Время Саакашвили уходит, Georgia Times
Кризис - это конец кое-кому. Мнение Александра Дугина, russia.ru
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Гозман vs.Коровин: США проигрывают России в информационной войне. РСН
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