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Textes | Douguine | Les theses politiques - pourquoi le Parti? | 01.03.2002
Archivio de EURASIA a cura di Martino Conserva
original text
THESES DU DISCOURS DE DOUGUINEà la Conférence Politique du MouvementSocial-Politique Pan-russe « Eurasia » (1er mars 2002) Eurasisme et politique étrangère Principaux principes de l’eurasisme (observations générales) 1) La voie que l’Occident a prise est destructrice pour lui-même et pour tous ceux qui sont tentés de la suivre. L’Occident lui-même doit être sauvé. Sa civilisation est spirituellement vide, fausse et monstrueuse. Derrière la prospérité économique il y a une totale dégradation spirituelle. Nous n’avons pas besoin de la prospérité au prix de la perte de notre humanité. Si l’Occident persiste dans cette voie, qu’il tombe tout seul dans l’abysse. 2) L’originalité de la Russie, sa différence avec l’Occident et l’Orient, est une valeur positive. Elle doit être sauvée, développée et entretenue. Cela implique d’évaluer la situation politique internationale. Que voyons-nous dans le monde ? Mondialisation - Américanisation. Ces deux processus sont extrêmement négatifs du point de vue de l’eurasisme. Nous pouvons voir leur progrès et, parallèlement, une résistance croissante contre eux. C’est NOTRE résistance. Nous y contribuons autant que nous le pouvons, et nous devons nous placer à l’avant-garde de ce processus, pas seulement en Russie, mais aussi dans le monde. Quelques événements concrets : 11 septembre 2001. Nous avons publié la brochure « La géopolitique de la terreur » - elle contient une évaluation détaillée de tels événements. Nous sommes désolés pour les milliers de victimes innocentes, nous présentons nos condoléances à ceux qui en ont souffert. Mais les Etats-Unis, avec leur hypocrisie typique, ont transformé la tragédie en motif d’expansion : ils font payer leurs souffrances en causant dix fois plus de souffrances aux autres et en renforçant leurs propres positions. Les Etats-Unis ont exploité le chagrin pour pouvoir renforcer leur position en Asie Centrale, sans cérémonie, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, s’installant dans la zone d’influence russe, dans les pays asiatiques de la CEI. Cela a été un dur coup contre la stratégie eurasiste. Les bases américaines ont été installées pour une période longue. Notre influence régionale est sapée. La poursuite de l’agression stratégique contre la Russie apparaît dans les événements de la Gorge de Pankisi [allusion à de violents combats en Tchétchénie]. L’Occident proteste contre le durcissement par la Russie de ses opérations contre le terrorisme, alors que l’Occident est lui-même prêt à le combattre. Cela est une usurpation manifeste du monopole de la violence par les
Américains. Qui sera
Il est grand temps que nous donnions un coup d’arrêt décisif à tout cela, que nous révisions nos positions sur Lurdes et Cam Ranh, que nous mettions fin à l’infâme fraternisation avec l’Occident, qui – bien que ne rapportant que des résultats négatifs et ne plaisant qu’à une poignée de militants urbains des droits de l’homme – n’est qu’une source de désespoir et de rage pour la majorité des Russes. Un autre sujet est l’expansionnisme catholique. Ici la signification géopolitique est plus complexe. La Catholicisme symbolise l’Europe, de la même manière que l’Orthodoxie symbolise la Russie. Le conflit provoqué entrave le développement des relations russo-européennes. Ces relations sont très importantes pour l’eurasisme. L’Europe unie contemporaine est devenue un nouveau sujet géopolitique après la fin de la guerre froide. Du point de vue culturel, social et politique, elle est proche des Etats-Unis,
mais ses préoccupations géopolitiques, géostratégiques,
économiques, au contraire, sont proches de
L’Europe a de sévères différences culturelles, sociales et politiques avec la Russie, mais cependant a aussi des préoccupations géopolitiques et économiques communes, en particulier dans le domaine des ressources communes. Ici se trouve la clé de l’étrange décision intempestive du Vatican. C’est une action destinée à éloigner la Russie de l’Europe en creusant un gouffre entre leurs valeurs spirituelles. Qui peut gagner à cela ? Ni l’Europe, ni la Russie, ni le Vatican, ni l’Eglise Orthodoxe russe. Seulement les Etats-Unis. Nous sommes pour le dialogue avec le Catholicisme : mais dans ce cas
il n’y a pas dialogue mais provocation, analogue à l’expansionnisme
de l’OTAN vers l’Est.
L’eurasisme et la politique intérieure Les principales thèses de l’eurasisme en politique intérieure sont : 1) Renforcer l’unité stratégique de la Russie, son homogénéité géopolitique, la ligne verticale de l’autorité, réduire l’influence des clans oligarchiques, soutenir le commerce national, combattre le séparatisme, l’extrémisme, le provincialisme. Cette ligne est logiquement partagée par le Président
Poutine. Un système de districts fédéraux est en train
de se mettre en place.
2) Fédéralisme eurasiste. Conférer aux formations ethno-culturelles le statut de sujets politiques, insister sur le principe du « droit des peuples ». Peu a été fait dans cette direction, pour le moment. Ce mouvement vers l’autonomie doit trouver une compensation dans la centralisation géopolitique. Peu a été fait jusqu’ici. Mais c’est une idée d’avant-garde, et nous la développerons. 3) Economie eurasiste Autarcie des grands espaces, nationalisme économique, subordination des mécanismes du marché aux préoccupations de l’économie nationale. Mikhail Leontiev [journaliste et analyste politique russe] appelle cela : « La dé-privatisation des secteurs stratégiques de l’économie ». Le processus en est à sa phase initiale, il n’est pour l’instant
pas mené très efficacement.
L’image eurasiste de Poutine Ici il est nécessaire d’entrer dans les détails sur la manière dont les eurasistes regardent notre Président, Vladimir V. Poutine, que nous soutenons fermement. Nous, les eurasistes, avons notre propre image de Poutine, son image eurasiste. A nos yeux Poutine est un partisan d’une politique de pouvoir étatiste,
un patriote renforçant la ligne verticale de l’autorité,
un chrétien orthodoxe, fidèle aux racines spirituelles russes
mais loyal envers les autres religions traditionnelles eurasiennes. Poutine
est pour nous
Poutine est pour nous un président au-dessus des partis, incarnant
les espoirs et les attentes
Ce Poutine eurasiste jouit d’un soutien complet et ferme de la part d’EURASIA. Mais certaines forces précises dans notre société
tentent de construire une image différente, bien moins attractive,
du Président : « Poutine leader d’une poignée de militants
urbains
Nous sommes prêts à combattre pour Poutine. Nous avons
besoin d’un président majoritaire.
Le Mouvement Social Politique Pan-russe EURASIA : les étapes de notre route Pendant ses neuf mois d’existence le mouvement EURASIA a atteint la maturité requise pour devenir un Parti. L’idée eurasiste s’est révélée étonnamment attractive. Elle a attiré des intellectuels, des scientifiques, des jeunes,
elle a été saluée avec enthousiasme par les fidèles
des religions traditionnelles. De nombreux représentants de mouvements
nationaux – incluant le mouvement russe – voient en lui l’instrument idéal
pour l’accomplissement de leurs aspirations politiques. EURASIA est devenu
la voie du « nationalisme pan-russe » (selon l’expression de
Troubetskoï), de l’aspiration créative
Selon un sondage sociologique, 100 % des représentants de l’intelligentsia humaniste reconnaissent l’eurasisme comme une philosophie de l’idéologie et comme un phénomène politique. Approximativement 50 % d’entre eux s’identifient avec l’eurasisme, ou sympathisent avec lui. Parmi les 50 % restants, la moitié d’entre eux le considèrent comme un phénomène intéressant mais contestable, l’autre moitié a une attitude négative. Ces chiffres sont prometteurs. Nous avons aussi obtenu de sérieux succès dans le secteur
des masses. La meilleure situation est dans l’Oural, dans les régions
de Sverdlovsk et de Tchéliabinsk, à Voronesh, à Koursk,
dans le district de Krasnoiarsk. Comme nous avons pu l’observer, l’Oural
semble être densément peuplé d’eurasistes. Aujourd’hui
plus de 5 000 membres, c’est-à-dire à peu près
Un très grand succès a été obtenu en direction des religions traditionnelles. Nous avons activement participé au 6ème Congrès National Russe Universel (13-14 décembre 2001), présidé par le Patriarche [de l’Eglise Orthodoxe]. Le Président Vladimir V. Poutine a pris part à cette initiative. Nous avons publié la brochure « L’Eglise Orthodoxe Russe dans l’espace de l’Eurasie » avec les discours du Conseil. [voir le Discours de Douguine à la table ronde du Conseil concernant la mondialisation] Nous avons des liens assez étroits avec la Direction Spirituelle
Centrale des Musulmans.
Nos liens avec d’autres religions – avec le judaïsme et avec le bouddhisme – se renforcent. Parmi d’autres initiatives, nous avons publié des livres de l’eurasiste juif Yakov Bromberg (« Les Juifs et l’Eurasie ») et de l’eurasiste kalmouk bouddhiste Khara-Davan (« Le Russe mongol »). Nous organiserons des présentations publiques de ces livres dans un futur proche. Grand succès de l’eurasisme dans les pays de la CEI. Des mouvements eurasistes, à présent sur le point de rejoindre le parti EURASIA, existent au Kazakhstan, en Arménie, en Ukraine, en Bélarus, au Tadjikistan et en Géorgie. Le parti EURASIA est officiellement enregistré en Lettonie. Même dans des pays étrangers plus éloignés, il existe des courants eurasistes. En Angleterre (« Eurasian Movement »), en Italie (« Archivio Eurasia »), en Israël, au Pakistan, en Autriche. Des groupes sont sur le point de se former en France, en Belgique et en Espagne. Nous avons publié une quantité significative de littérature
théorique exposant notre vision du monde. De nombreux textes ont
été traduits dans des langues étrangères, il
est donc possible de parler des premiers pas d’une véritable
Internationale Eurasiste.
La construction du parti et les perspectives électorales Exposons ici une fois de plus les principes de notre parti. En partant d’eux nous pouvons établir des plans concrets concernant nos perspectives électorales. Nous avons élaboré cinq orientations différentes, montrant ce qu’est le parti EURASIA. 1) Le parti EURASIA est le parti des patriotes de Russie,
des défenseurs de l’Etat. Notre patriotisme n’est pas seulement
émotionnel, mais scientifique, fondé sur la géopolitique
et
2) Le parti EURASIA est un parti social. L’économie eurasiste rejette le dogmatisme libéral et pense que le développement du marché doit servir l’intérêt national, plutôt que le contraire. Nos autorités en économie ne sont ni Marx ni Friedmann, ce sont John M. Keynes, Friedrich List, François Perry, Sylvius Gesell. C’est l’économie de la « troisième voie », où l’intérêt de Etat est aux commandes, où les ressources administratives sont dé-privatisées. Suivant List, notre modèle eurasiste pourrait être appelé un « nationalisme économique ». 3) Le parti EURASIA est un parti traditionaliste. Il est
fondé sur un système de valeurs élaboré à
travers les siècles par les religions eurasiennes traditionnelles
: Orthodoxie, Islam, Judaïsme, Bouddhisme. C’est un point très
important pour nous. Nous ne rendons pas simplement un hommage de principe
à la religion comme à une relique culturelle, comme un tribut
au « Politiquement Correct ». Faire revivre les religions traditionnelles,
établir le rôle dominant et fondateur des valeurs religieuses
dans la société, combattre pour la spiritualité,
4) Le parti EURASIA est un parti national. En lui les représentants
des mouvements nationaux – d’abord russe, mais aussi tatar, yakoute, touvatche,
tchètchène, kalmouk, ingouche et tous les autres – peuvent
trouver une voie pour exprimer leurs aspirations politiques et culturelles.
Pour l’eurasisme, le peuple est la valeur la plus haute. Selon les paroles
de Herder, « les peuples sont des pensées de Dieu ».
Nous sommes pour la préservation des peuples face à la pseudo-culture
mondiale niveleuse, le génocide économique et la violence
légale. Les mouvements nationaux des peuples de Russie ont
5) Le parti EURASIA est le parti des régionalistes.
La vie dans les mégalopoles corrompt
Par ce survol on peut aisément se convaincre des énormes perspectives électorales du parti EURASIA. En particulier dans les régions et dans les républiques nationales. Nous ne sommes pas et ne visons pas à être un parti de pouvoir. Et même, jusqu’à un certain point, nous appartenons à l’opposition. Nous ne nous identifions ni avec celui-ci, ni avec celle-là. Nous sommes le parti d’une Idée. C’est dans cette direction que nous devons avancer pendant les trois prochains mois, jusqu’au 30 mai 2002 – à cette date est prévu notre Congrès Constituant, si, bien sûr, le Conseil Politique prend aujourd’hui la décision de soutenir la résolution de la Direction du Mouvement EURASIA de se transformer en un parti. Merci de votre attention.
Texte original publié par EURASIA. Traduction Martino Conserva
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