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Textes eurasiens | Faits marquants de l'eurasianisme | 01.10.04
FAITS MARQUANTS DE L’EURASIANISMELes fondateurs de l’eurasianisme sont : N.S. Troubetskoy (1890-1938) – philologue et linguiste La valeur principale de l’eurasianisme consistait en idées venues du fond de la tradition de l’Histoire et de l’Etat russe. L’eurasianisme considérait la culture russe, non pas comme une simple composante de la civilisation russe, mais comme une civilisation originale, rassemblant l’expérience de l’Ouest, certes, mais aussi – jusqu’à un certain point – de l’Est. Le peuple russe, dans cette perspective, ne doit pas être placé au nombre des peuples européens ou asiatiques. La Russie appartient à une communauté ethnique eurasienne complètement originale. Une telle originalité dans la culture et l’Etat russes (présentant en même temps des traits européens et asiatiques), définit également la voie unique empruntée historiquement par la Russie et son programme d’Etat-nation qui ne coïncide pas avec la tradition de l’Europe de l’Ouest.
Les fondations
Le concept de civilisation La civilisation germano-latine créa son propre système de principes et de valeurs et assura sa promotion au rang de système universel. Ce système germano-latin fut imposé aux autres peuples et cultures par la force et la ruse. La colonisation spirituelle et matérielle du reste du monde par l’Occident est un phénomène négatif. Chaque peuple et chaque culture possède un droit intrinsèque : celui d’évoluer selon sa logique propre. La Russie est une civilisation originale. Elle est appelée non seulement à contrer l’Occident, en protégeant complètement son chemin personnel, mais elle doit se placer à l’avant-garde d’autres peuples et d’autres pays sur la terre, défendant leurs libertés en tant que civilisations. Critiques de la civilisation germano-latine La civilisation occidentale a construit son propre système sur la base d’une sécularisation de la chrétienté occidentale (protestantisme), amenant avec elle des valeurs telles que l’individualisme, l’égoïsme, la compétition, le progrès technique, la consommation et l’exploitation économique. La civilisation germano-latine a fondé son droit à la domination générale, non pas à partir d’une grandeur spirituelle, mais sur une nouvelle force matérielle. La spiritualité et la force même des autres peuples sont évaluées uniquement sur la base de l’image de suprématie conquise par le rationalisme et le progrès technique. Le facteur espace Il n’y a pas de modèle unique de développement. La pluralité des paysages sur la terre produit une pluralité de cultures, chacune ayant ses cycles personnels, ses critères internes et sa logique. L’espace géographique possède une influence énorme (parfois décisive) sur la culture d’une nation et de son histoire. Chaque ethnie, pour autant qu’elle se développe à l’intérieur d’un environnement géographique, crée ses formes propres sur les plans national, éthique, juridique, linguistique, rituel, économique et politique. La place où chaque ethnie ou Etat se développe pré-détermine d’une manière essentielle le mode et le sens de ce développement. – à tel point que ces deux éléments ne font plus qu’un. Il est impossible de séparer l’Histoire des conditions géographiques et toute analyse des civilisations doit se faire selon un axe temporel (avant, après, développement, non développement etc), mais aussi selon un axe spatial (Est, Ouest, steppe, montagnes etc). Aucun Etat, aucune région pris séparément, n’a le droit de se dire modèle du reste du monde. Chaque ethnie possède son propre schéma de développement, son temps propre, sa rationalité particulière et mérite d’être comprise et évaluée d’après ses critères internes particuliers. Le climat de l’Europe, sa superficie géographique relativement limitée et l’influence de ses paysages ont généré les traits uniques de la civilisation européenne, où l’influence des forêts (Europe du Nord) et des côtes (Méditerranée) l’emporte. De la même manière, les différents paysages ont formé des types de civilisations différents : les steppes sans fin ont permis les empires nomades (depuis les Scythes jusqu’aux Turcs), des étendues infinies ont donné naissance à la civilisation chinoise, les îles montagneuses ont créé la civilisation japonaise et la combinaison des steppes et des forêts a vu se développer la civilisation eurasienne russe. La marque du paysage peut être perçue dans l’histoire tout entière et ne peut être ni séparée ni supprimée d’une quelconque ethnie. L’Etat et la nation Les premiers slavophiles russes au XIXe siècle (Khomyakov, Aksakov, Kirevsky) ont insisté sur le caractère proprement unique et original de la civilisation russe (slave, orthodoxe). Celle-ci doit être défendue, préservée et renforcée par rapport à l’Ouest d’une part, et par rapport au modernisme libéral (qui vient également de l’Ouest) d’autre part. Les slavophiles ont proclamé la valeur de la tradition, l’excellence des temps anciens et l’amour du passé de la Russie, mettant en garde contre les dangers inévitables du progrès et contre les trop nombreux aspects du schéma occidental qui se révèlent contraires à ceux de la Russie. A partir de cette école, les eurasianistes héritèrent des positions des slavophiles et développèrent plus avant leurs idées dans le sens d’une évaluation positive des influences orientales. L’Empire moscovite représente le développement le plus avancé de l’Etat russe. L’idée nationale y a atteint un nouveau statut, après le refus de Moscou de reconnaître l’Union florentine (arrestation et exil du métropolite Isidore) et, après un déclin rapide, la Russie tsariste hérita du drapeau de l’empire orthodoxe. Plateforme politique La richesse et la prospérité, un Etat fort et une économie efficace, une armée puissante et le développement de la production doivent être les instruments qui permettront la réalisation de nos idéaux élevés. Le sens de l’Etat et de la Nation ne peuvent être perçus que par l’intermédiaire de l’existence d’une “idée première”. Le régime politique qui suppose l’établissement de cette “idée première” en tant que valeur suprême est appelée par les eurasianistes une “idéocratie” – du grec “idée” et “kratos” – du grec “pouvoir”. La Russie a toujours été considérée comme étant la Russie sacrée, un pouvoir (derzhava) remplissant sa propre mission historique qui est unique. Le point de vue eurasien doit également être une idée nationale de la Russie à venir, son “idée dominante”. Le choix eurasien La Russie eurasienne, étant l’expression d’un empire de steppes et de forêts aux dimensions d’un continent, a besoin de son propre schéma de force dominante. Ceci signifie, tout d’abord, une éthique de responsabilité collective, d’altruisme, d’aide réciproque, d’ascétisme, de volonté et de tenacité. Seul l’ensemble de ces qualities peut maintenir unie cette zone eurasienne, très étendue, peu peuplée, formée de terres de steppes et de forêts. La classe dirigeante de l’Eurasie fut fondée sur la base du collectivisme, de l’ascétisme, de vertus guerrières et d’une hiérarchie rigide. La démocratie occidentale fut bâtie selon les conditions particulières de l’Athènes antique et au travers de l’Histoire millénaire de l’Angleterre. Cette démocratie reflète les traits uniques du développement européen. De ce fait, cette démocratie ne représente pas un modèle universel. Imiter la démocratie libérale européenne n’a aucun sens, et est impossible et dangereux pour l’Eurasie russe. La participation du peuple russe dans la vie politique doit être définie par un terme différent. “Demotia”, du grec “demos”, peuple. Une telle participation ne rejette pas la hiérarchie et ne doit pas être formalisée dans des structures partisanes ou parlementaires. “Demotia” suppose un système de conseils régionaux, de gouvernements locaux ou de gouvernements nationaux (dans le cas des petites nations). Elle est développée sur la base d’auto-gouvernements, et sur un monde paysan. Un exemple de “demotia” est la nature élective de la hiérarchie d’église, votée par les paroissiens de la Russie moscovite. Le travail de L.N. Goumilev sur le développement de la pensée eurasienne Lev Nikolaevic Goumilev (1912-1922), fils du poète russe N. Gumilev et de la poétesse A. Akhmatova, était ethnographe, historien et philosophe. Il fut profondément influencé par un livre écrit par l’eurasianiste kalmouque, E. Khara-Vadan : “Gengis Khan, chef de guerre” et par les ouvrages de Savitsky. Dans ses propres oeuvres, Goumilev développa les thèses fondamentales de l’eurasianisme. Vers la fin de sa vie, il avait l’habitude de dire de lui-même qu’il était le “dernier des eurasianistes”. Eléments de base de la théorie de Goumilev 1) La théorie de “l’élan passionnel” [passionarnost'] comme développement de l’idéalisme eurasien. Le développement d’une attitude pan-turque dans la théorie de la “complémentarité ethnique”. Une ethnie, prise dans son sens général, est un ensemble d’individus quelconques, une collectivité : peuple ou population, nation, tribu ou encore clan familial fondés sur une destinée historique. “Nos grands ancêtres russes – écrit Goumilev – aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, se mélangèrent facilement et rapidement avec les ethnies de la Volga, du Don, avec les Tartares Obi et avec les Bouriates qui, de leur côté, assimilèrent la culture russe. Les mêmes Grands Russes s’unirent aux Yakouts, absorbant leur identité et prenant progressivement des contacts amicaux avec les Cosaques et les Kalmouks. A travers les liens des mariages, ils coexistèrent passivement avec les Mongols de l’Asie centrale, tandis que les Mongols eux-mêmes et les Turcs fusionnèrent du XIVe au XVIe siècles avec les Russes de la Russie centrale. C’est pourquoi, l’histoire des Russes moscovites ne peut être comprise en dehors du cadre des contacts ethniques entre les Russes et les Tartares et l’histoire du continent eurasien. L’apparition du néo-eurasianisme : contexte historique et social La crise du paradigme soviétique Dans le milieu des années 1980, la société soviétique commença à perdre le lien qui l’unissait à son environnement externe et sa propre personnalité, ainsi que sa capacité à les refléter de manière adéquate. Les modèles soviétiques d’auto-appréciation marquèrent leurs premières félures. La société soviétique avait perdu son sens de l’orientation. Chacun ressentait un besoin de changement, cependant ce besoin n’était encore qu’un sentiment confus – nul ne pouvant dire de quelle direction ce changement allait venir. A cette époque, une division assez peu convaincante commença de se former entre Soviétiques : les “forces du progrès” et les “forces réactionnaires”, les “réformistes” et les “conservateurs du passé” ou encore les “partisans des réformes” et les “ennemis des réformes”. L’influence des modèles occidentaux Dans une telle situation, le terme de “réforme” devint par lui-même synonyme de “démocracie libérale”. Une conclusion hâtive fut tirée du fait objectif de la crise du système soviétique pour ce qui concernait la supériorité du modèle occidental et la nécessité de le copier. En théorie, cela était tout sauf évident, étant donné que la “carte idéologique” présentait un système réellement bien plus diversifié que le dualisme primitif : socialisme contre capitalisme, le Pacte de Varsovie contre l’OTAN. Cependant, ce fut cette logique primitive qui l’emporta : les “partisans des réformes” firent une apologie inconditionnelle de l’Ouest, dont ils étaient prêts à adopter la structure et la logique, tandis que les “ennemis des réformes” ne surent être que les défenseurs inertes du vieux système soviétique, dont la structure et la logique pouvaient être de moins en moins défendues. A cause de ce manque d’équilibre, les réformistes pro-occidentaux avaient avec eux le potentiel d’énergie, de nouveauté, les espérances dans le changement, l’élan créatif, ainsi que les perspectives ; tandis que les “réactionnaires” n’avait rien qui leur restât que l’inertie, l’immobilisme, le recours à l’habitude et au déjà connu. Du fait de ces conditions psychologiques et esthétiques, une politique démocratique et libérale prit le dessus en Russie dans les années 1990, bien que le peuple russe ne fut pas autorisé à faire un choix clair et conscient. L’effondrement de l’unité de l’Etat Le résultat de ces “réformes” fut l’effondrement de l’unité de l’Etat soviétique et le commencement du déclin de la Russie comme héritier de l’URSS. La destruction du système soviétique et la “rationalisation” furent accompagnées par la création d’un nouveau système et d’une nouvelle rationalité conformes aux conditions nationales et historiques. Une attitude particulière vis à vis de la Russie et de son histoire nationale prévalut peu à peu : le passé, le présent et le futur de la Russie furent revus du point de vue occidental, évalués comme une histoire étrange, transcendante et bizarre (“ce pays” devint l’expression habituelle des réformateurs.) Ce n’était pas la vision russe de l’Occident, mais la vision occidentale de la Russie. Aucun étonnement qu’avec de telles conditions, l’adoption des schémas occidentaux dans la théorie des “réformateurs” soit invoquée non pas pour créer et renforcer la structure de l’unité nationale de l’Etat, mais plutôt pour détruire ce qui en restait. La destruction de l’Etat n’était pas un résultat anodin des “réformes” ! En fait, elle faisait partie de leurs objectifs stratégiques. Naissance d’une opposition anti-occidentale (anti-libérale) dans l’environnement post-soviétique Au cours des “réformes” et de leur approfondissement, le caractère inadéquat d’une réaction simpliste commença à devenir évident pour chacun. Au cours de cette période, (1989-90) la formation d’une opposition “nationale et patriotique” vit le jour dans laquelle s’alliaient une partie des “conservateurs soviétiques” (prêts pour une réflexion de base minimum) et des groupes de “réformateurs”, déçus par les “réformes” ou “devenus conscients de la direction qu’elles prenaient contre l’Etat” ; vinrent se joindre à eux des groupes de représentants des mouvements patriotiques, qui s’étaient formés du temps de la Perestroïka et tentaient de donner corps à une forme de pouvoir d’Etat (derzhava) dans un contexte non communiste (orthodoxe et monarchiste, nationaliste etc). Après une longue période de gestation et malgré l’absence complète de soutien externe stratégique, intellectuel et matériel, le modèle conceptuel du patriotisme post-soviétique commença à prendre timidement tournure. Le néo-eurasianisme Le néo-eurasianisme prit son essor dans ce cadre en tant que phénomène idéologique et politique, se transformant en l’un des principaux courants de la conscience patriotique post-soviétique. Les étapes du développement de l’idéologie eurasienne Première étape (1985-90) Elle inclut les séminaires et conférences animés par Alexandre Dugin à l’intention de groupes variés faisant partie du nouveau mouvement conservateur et patriotique. Cette étape constata que la critique du paradigme soviétique manquait d’un élément qualitatif du point de vue spirituel et national. En 1989, les premières publications du journal Sovietskaya literatura (Littérature soviétique) virent le jour. Les livres de Dugin étaient publiés en Italie (“Continente Russia”) et en Espagne (“Rusia Misterio de Eurasia” – La Russie, mystère de l’Eurasie”, 1990). En 1990, une édition russe du livre de René Guénon “La Crise du monde moderne”, avec des commentaires de Dugin fut disponible. On put également se procurer l’ouvrage de Dugin “Les chemins de l’absolu” (Puti Absoljuta), qui exposait les fondations de la philosophie traditionaliste. Dans ces années, l’eurasianisme montra des caractéristiques “de droite, conservatrice”, proches du traditionalisme historique, fondées sur une vision orthodoxe et monarchiste, “ethno-pochevennik” (c’est-à-dire liées aux idées de la terre et du pays) et qui critiquaient fortement les idéologies “de gauche”. Deuxième étape (1991-93) La révision de l’anti-communisme commença à cette période, typique de la première étape du néo-eurasianisme ; de la même manière, on vit apparaître la réévaluation de la période soviétique dans un esprit de “bolchévisme national” et d’”eurasianisme de gauche”. L’Eurasianisme devient populaire au sein de l’opposition et parmi les intellectuels. Sur la base d’une affinité terminologique, A. Sakharov commença à parler de l’Eurasie, bien que ce fût dans un contexte uniquement géographique et nullement politique et géopolitique (et sans jamais utiliser le terme d’eurasianisme, ayant été un atlantiste convaincu dans le passé). En 1992-93, la première édition de la Revue “Eléments eurasiens” fut publiée. Il y eut des conférences sur des thèmes géopolitiques et sur la fondation de l’eurasianisme dans des établissements d’enseignement supérieur et dans des universités, ainsi que de nombreuses traductions, des articles et des séminaires. Troisième étape (1994-98): développement théorique de l’orthodoxie néo-eurasienne Principales oeuvres de Dugin :
"Mysteries of Eurasia" [Misterii Evrazii] (1996), (Les Mystères de l’Eurasie) Les oeuvres de Troubestskoy, Vernadsky, Alekseev et Savitsky furent publiées par l’éditeur Agraf. (1995-98). Le site internet “Arctogaia” (1996) www.arctogaia.com fut créé. Des références directes et indirectes à l’eurasianisme parurent dans les programmes du PCFR (Parti communiste de la Fédération de Russie), du PLD (Parti liberal-démocratique) et du NRD (Nouvelle Russie démocratique) – c’est-à-dire les partis de gauche, de la droite et du centre). Un nombre croissant de publications sur les thématiques eurasiennes fut publié et de nombreux journaux eurasiens sortirent des presses. Cette période connut également la critique de l’eurasiasnime par les nationalistes russes, les religieux fondamentalistes, les communistes orthodoxes et les libéraux. Il y eut aussi des manifestations d’une version “adoucie” et académique de l’eurasianisme (Professeur A.S. Panarin, F. Girenok et d’autres), apportant des éléments du paradigme des illuministes qui est rejeté par l’orthodoxie eurasienne. L’eurasianisme commença à évoluer vers des positions plus radicalement anti-occidentales, anti-libérales et anti-globalistes. En 1996, l’université eurasienne fut inaugurée à Astana au Kazakhstan et dédiée à L. Goumilev Quatrième étape (1998-2001) Cette étape correspond à une “désidentification” progressive du néo-eurasianisme vis-à-vis de ses manifestations politico-culturelles collatérales et du parti lui-même - ce fut un tournant vers une direction autonome (Arctogaia, nouvelle université, “irruption” (Vtorzhenie) en dehors de l’opposition et des mouvements de l’extrême gauche aussi bien que de l’extrême droite. L’apologie du “vieux rite” (staroobrjadchestvo) fut lancée. Un virage fut effectué vers des positions politiques centristes, qui soutenaient Primakov en sa qualité de nouveau Premier ministre. Dugin fut nommé conseiller à la Douma de G.N. Seleznev. La brochure eurasienne “Notre chemin” (Nash put') (1998) fut publiée. De même que “l’Irruption eurasienne” " [Evraziikoe Vtorzhenie], supplément du journal “Zavtra”. De là s’ensuivit une distanciation plus importante avec l’opposition et un virage qui tendait à rapprocher l’eurasianisme des positions gouvernementales. Furent élaborés des travaux de recherche théorique ; on vit la publication de la “Chose russe” (Russkaja vesch') (2001), des publications dans Nezavisimaja Gazeta, et les Moskovski Novosti, des émissions radio dont le thème était "Finis Mundi" (les limites du monde), sur Radio 101 ; enfin, des émissions de radio sur des sujets de géopolitique et sur le néo-eurasianisme sur la radio Svobodnaja Rossija (1998-2000). Cinquième étape (2001-2002) Le mouvement politique et social pan-russe “Eurasie”, avec des positions de centre radical fut créé, avec la déclaration de soutien total du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine (21 avril 2001). Le directeur du Centre spirituel du Mouvement des musulmans russes, le Sheik-ul-islam Talgat Tadjuddin, accepta les idées eurasiennes. Le journal Evraziizkoe obozrenie (Revue eurasienne) fut publié. Des penseurs juifs de l’eurasianisme (A. Eskin, A. Shmulevi, V. Bukarsky) se firent connaître. Lancement du site internet du mouvement Eurasia, evrazia.org. Une conférence fut tenue sur le thème "Menace islamiste ou menace sur l’Islam ?” Cette période vit aussi l’intervention par H.A. Noukhaev, un théoricien tchéchène sur le sujet de l’“eurasianisme islamique” ["Vedeno ou Washington ?", Moscou, 2001]. Des livres écrits par E. Khara-Davan et Ya Bromberg (2002) furent disponibles. La transformation du Mouvement pan-russe Eurasia en un véritable parti politique débuta en 2002. Sixième étape (2003-2004) Le parti politique “Mouvement international eurasien” fut créé le 20 novembre 2003, sous la direction de A. Dugin. Les positions philosophiques de base du néo-eurasianisme Sur un plan théorique, le néo-eurasianisme consiste dans la renaissance des principes classiques du mouvement dans une phase qualitativement nouvelle et dans la transformation de ces mêmes principes en véritables fondements d’un programme idéologique et politique et une vision du monde. L’héritage des eurasianistes classiques fut accepté comme une vision du monde fondamentale pour le combat idéal (politique) de la période post-soviétique, en tant que plate-forme spirituelle et politique d’un “patriotisme total”. Les néo-eurasianistes adoptèrent les positions élémentaires de l’eurasianisme classique, prenant en compte le vaste cadre philosophique, culturel et politique des idées du XXe siècle. Chacune des positions principales de l’eurasianisme classique (cf. le chapitre : Les fondations de l’eurasianisme classiques) étant revivifiées au sein de leur propre développement conceptuel. Le concept de civilisation La critique de la société bourgeoise occidentale par les tenants de la gauche (sociale) fut superposée à la critique de cette même société par la droite (civilisationnelle). L’idée eurasienne en ce qui concerne le “rejet de l’ouest” fut renforcée par les attaques fortes de la critique contre l’Occident, émises par les mêmes représentants occidentaux qui n’approuvent pas la logique de son développement (au moins dans les derniers siècles). Les Eurasiens n’adoptèrent que graduellement – depuis la fin des années 1980 jusqu’à environ 1995 – l’idée d’une fusion possible des concepts les plus différents (et parfois politiquement contradictoires) opposant les caractéristiques “normales” de la civilisation occidentale. La critique de la civilisation germano-latine fut particulièrement soulignée, fondée sur une analyse prioritaire du monde anglo-saxon et des Etats-Unis. Dans l’esprit de la révolution conservatrice allemande et de la nouvelle législation européenne, le “monde occidental” est divisé en une composante atlantique (les Etats-Unis, l’Angleterre) et une composante continentale européenne (ou, pour mieux dire) une composante germano-latine. L’Europe continentale est vue ici comme un phénomène neutre qui doit être intégré – sous certaines conditions – dans le projet eurasien. Le facteur spatial Le néo-eurasianisme est mû par l’idée d’une révision complète de l’histoire de la philosophie, selon les positions spatiales. Nous avons ici un trait d’union entre différents modèles d’une vision cyclique de l’histoire, de Danilevsky à Spengler, de Toynbee à Goumilev. Un tel principe trouve son expression la plus fertile dans la philosophie traditionnelle, qui nie les idées d’évolution et de progrès et fonde cette négation sur des calculs métaphysiques détaillés. De là, la théorie traditionnelle des “cycles cosmiques” et des “multiples états de l’être”, de la “géographie sacrée” etc. Les principes de base de cette théorie des cycles sont illustrés en détail dans les ouvrages de René Guénon (et ses successeurs G. Georgel, T. Burckhardt, M. Eliade, A. Corbin). Une réhabilitation complète a été donnée à ce concept de la “société traditionnelle”, qui ne connaissait pas l’histoire ou la reconnaissait seulement en tant que rites et mythes de “l’éternel retour”. L’histoire de la Russie n’est pas vue simplement comme l’un des nombreux développements locaux, mais comme l’avant-garde d’un système spatial (l’Est), opposé à un système “temporel” (l’Ouest). L’Etat et la nation La dialectique de l’Histoire nationale a été conduite à sa formulation finale et dogmatique, incluant le paradigme historico-philosophique du national-bolchévisme (N. Oustryalov) et son interprétation (M. Agourski). Le schéma en est le suivant • La période de Kiev, comme l’annonce d’une mission nationale à venir (IXe au XIIIe siècles) Plate-forme politique Le néo-eurasianisme adopte la méthodologie de l’école de Wilfred Pareto, avance suivant la logique de la réhabilitation de la “hiérarchie organique”, rassemble les idées de Nietzsche, développe la doctrine de “l’ontologie du pouvoir” et du concept chrétien-orthodoxe du pouvoir en tant que “kat’echon”. L’idée de “l’élite” complète la création des traditionalistes européens et des recherches sur le système des castes dans les anciennes sociétés, sur leur ontologie et sur la sociologie (René Guénon, J. Evola, J. Dumézil, L. Dumont) se trouvent à la racine du concept de “nouvelle élite eurasienne. La thèse de la “demotia” est la continuation des théories politiques de la “démocratie organique” de J.J. Rousseau à C. Schmitt, J. Freund, A. de Benoist et A. Mueller van der Bruck. La définition du concept eurasien de la démocratie (demotia) est la “participation de l’ethnie à sa propre destinée”. La thèse de “l’idéocratie” donne son fondement à l’appel des idées de la révolution conservatrice et de la “Troisième voie”, à la lumière de l’expérience des idéocraties soviétique, israélienne et islamique ; elle analyse les raisons de leur échec historique. La réflexion sur le contenu qualitatif de l’idéocratie au XXe siècle apporte une critique importante de la période soviétique (suprématie des concepts quantitatifs et des théories séculières, poids disproportionné d’une conception des classes. Les éléments suivants contribuent au développement des idées des eurasianistes classiques : 1) La philosophie du traditionalisme (Guénon, Evola, Burkhart, Corbin), l’idée d’un déclin radical du “monde moderne” et les enseignements profonds de la tradition. Le concept global du “monde moderne” (catégorie négative) comme antithèse du “monde de la tradition (catégorie positive) donne à la civilisation occidentale un caractère fondamentalement métaphysique, qui définit le contenu eschatologique, dangereux et fatal des processus intellectuels, technologiques, politiques et économiques qui prennent leur origine dans l’Occident. Les intuitions des conservateurs russes, depuis les slavophiles jusqu’aux eurasianistes classiques, sont complétées par une base théorique fondamentale (voir A. Dugin “La patrie absolue” [Absoljutnaja Rodina], Moscou 1999; "La fin du monde” [Konets Sveta], Moscou 1997 ; "Julius Evola et le conservatisme russe", Rome 1997).
texte traduit par A.Colonna Ìàòåðèàë ðàñïå÷àòàí ñ èíôîðìàöèîííî-àíàëèòè÷åñêîãî ïîðòàëà "Åâðàçèÿ" http://med.org.ru
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